Ad nauseam
L'accalmie fut de courte durée, et la nuit presque sereine de vendredi à samedi déjà effacée.
On entend souvent parler de dette de sommeil. Quelle est la mienne ? Comment en faire une estimation correcte, après quatre années d'acharnement nocturne par des harceleurs aux visages interchangeables à l'infini, à me priver de sommeil par ondes électromagnétiques voraces.
Et puis maintenant j'ai le droit à un sacré bonus, des tirs d'ondes dans la journée, au cas où je me permettrais une sieste. Une sieste, moi la proscrite, le parasite du quartier ? Nan ! Cela serait trop demander aux autocrates qui me persécutent, vous savez, je vous en ai déjà parlé, ceux qui sont dans le droit chemin, aux apparences tellement convenables, indéfectibles à la norme.
Toujours est-il que ces bien-pensants m'ont tellement bien mitraillé le crâne la nuit dernière, que j'ai dû faire fissa pour me rendre aux toilettes, persuadée cette fois que j'allais vomir, sauf que voilà, une fois traversé le salon et libérée des ondes, l'envie s'est aussitôt dissipée, comme quoi respirer un air sain non saturé d'ondes suffit à instantanément retrouver la santé.
Je suis retournée dans ma chambre à reculons, mais où trouver un endroit où dormir à 3 h du matin, peut-être 4, je ne me rappelle plus. Dans mon premier logement de harcelée, j'ai dormi 8 mois sous la table de la cuisine, sans efficacité aucune. Je sais pertinemment qu'il en aurait été de même ici, avec en prime la jouissance des harceleurs à me savoir en peine.
J'ai donc réintégré mon lit faisant après tout lui aussi partie du loyer que je paie chaque mois. C'est d'ailleurs à mourir de rire quand j'y pense, payer pour se faire maltraiter de la sorte ! A quoi bon ! A rien, sinon la déconfiture, je l'espère à terme, des harceleurs, et une justice pour le plus long des termes, parce que je veux croire aux miracles.