Ondes longues

  Après quelques jours d’accalmie, soit cinq ou six réveils nocturnes maximum, ce qui équivaut pour une personne ciblée par ondes électromagnétiques à des nuits d’une exceptionnelle qualité, me voici de nouveau confrontée, et ce, depuis la nuit dernière, à des ondes démesurément longues, et distillées à un rythme à peu près égal, je suppose, à la haine que me voue leur auteur, c’est-à-dire, sans quasiment aucune interruption.

  Auteure avec un "e", puisque j’ai eu le loisir de constater ce matin en allant travailler, le nez larmoyant et les yeux bouffis, que mamie gâteau était revenue dans la soirée. De suite, j’ai compris la raison d’un tel enfer nocturne. Comment expliquer au mieux les ondes longues ? Elles sont moins intenses et durent plusieurs interminables secondes, parfois jusqu’à vingt de ces dernières. C’est comme si on allait se coucher en ayant un coup dans le nez, si cela vous est déjà arrivé. Les choses dansent un peu autour de vous, et votre environnement est comme rempli de ouate, vos oreilles et votre crâne bourdonnent, et si, par malheur, les ondes s’inscrivent vraiment dans la durée, vous commencez à sentir votre estomac peser, comme si vous aviez mal digéré quelque chose, et une nausée vous envahir sans que vous parveniez à en établir l’origine. Une céphalée, supportable, mais venant s’ajouter aux autres symptômes, installe tout votre organisme dans l’inconfort et le mal-être. Bref, vous avez la gueule de bois sans avoir bu, et c’est très désagréable, surtout quand cela vous a empêché de fermer l’œil pendant toute une nuit.

Mamie gâteau peut être fière d’elle. J’imagine qu’elle se languissait de son petit jouet, et a comblé son manque la nuit dernière, en s’amusant une énième fois avec ma tête. A mon retour, sa voiture n’était plus là, elle est partie se reposer pendant que je travaillais, je suppose, et ne comptait pas être réveillée à mon retour. La situation est comme inégale. Mamie gâteau ne travaille pas, et a manifestement des solutions de repli (maison secondaire ?). Moi, je n’ai qu’une chambre, et je dois travailler durant la journée. C’est un peu le combat de David contre Goliath, mais malgré la cruauté de ma situation, je la préfère encore à celle de mes harceleurs. Pour rien au monde, je ne voudrais posséder ne serait-ce qu’un dixième de leur pouvoir crasse.