Pour Marion, Laura, Jonathan, et tous les autres...
Suite au harcèlement de la quasi-totalité de ses camarades de classe, non seulement pendant les cours mais en dehors également, à force d'insultes, de menaces, et d'intimidations en tous genre, Marion, 13 ans, s'est pendue dans sa chambre le 13 février 2013.
Idem pour Laura, le 3 décembre 2015, malgré ses nombreux ami(e)s, son harcèlement sur les réseaux sociaux a eu raison d'elle. Elle s'est également pendue dans sa chambre.
Jonathan, lui, toujours vivant, s'est cependant immolé, le 8 février 2011, à 16 ans, épuisé par les trop nombreuses brimades essuyées depuis le CM2. Il en gardera les séquelles à vie.
Matteo s'est pendu dans sa chambre le 8 février 2013, il avait 13 ans...
Cela fait beaucoup de 13, et bien trop de morts.
Tout comme le harcèlement en réseau, ou le harcèlement au travail, le harcèlement scolaire et/ou exercé par les réseaux sociaux est un véritable fléau, se servant néanmoins des mêmes odieuses fondations pour se hisser haut dans l'art de nuire, le groupe étant le dénominateur commun des différentes formes de harcèlement existantes, et oeuvrant à cœur de vie, réduisant pour beaucoup cette dernière à néant.
Dans une société que la différence insupporte, et au sein de laquelle la multiplication des moyens de communication est à peu près égale aux ravages que peuvent causer l'isolement et le rejet, le harcèlement a pris ses aises. Sans doute que les persécutés d'aujourd'hui auraient été les proscrits d'hier, et brûlés vifs pour sorcellerie, mais le harcèlement s'est fort bien accommodé des progrès technologiques, et de l'uniformisation imposée par notre société moderne.
Comme les villageois du moyen-âge, guidés par leur foi, et leur peur irraisonnée des malédictions, les plus nombreux de notre époque, dite civilisée, se plaisent à former une meute, prête à proscrire tout ce qui n'est pas dans les clous, adolescent timide, ou tout simplement roux, travailleur trop humaniste, individu lambda se trouvant au mauvais endroit au mauvais moment, dissidents, indociles et insoumis, tout est bon pour stigmatiser et appliquer le harcèlement comme un couteau suisse dévoilerait son long menu. Il y en a pour tous les goûts. C'est très certainement contre le harcèlement global que nous devons lutter, prendre le mal à la racine, et la racine est profonde, séculaire, mais pas infaillible.