2 h 25 du matin, un jour de février ordinaire

    Tir d'onde électromagnétique douloureux derrière la tête, dans les mains, les jambes. C'est le genre de réveil récurrent auquel les planqués du premier étage me destinent. Cette nuit là, le 10 février, à leurs yeux de détraqués, j'aurais dû m'estimer heureuse, le tir d'ondes précédent ayant eu lieu à 1h00, soit 1h30 plus tôt, d'autant que j'avais eu le droit exceptionnel de m'endormir dès 23 h.

     Il arrive que les éléments de la famille JESUISDIEU se lassent d'une telle hégémonie dans le pouvoir. Après vous avoir mitraillé d'hostilités en tous genres, et brisé votre pauvre résistance, un relatif ennui semble s'emparer d'eux, comme si ils venaient de comprendre que c'était trop facile de s'en prendre à quelqu'un de désarmé. Alors, ils choisissent de vous laisser dormir un peu, non pas parce qu'ils ont quelque empathie face à ce qu'ils vous font subir mais ils ont besoin de retrouver le contrôle qu'ils ont perdu face à l'inégalité des forces et leurs disproportions. Ce n'est pas tant vous mettre à terre qui leur plaît, mais le pouvoir de le faire. Une fois que vous l'êtes, ils restent comme des cons les bras ballants, lorgnant votre épuisement d'un regard de bovin, et c'est beaucoup moins rigolo. En revanche, le pouvoir de vous laisser quelque répit, est aussi important que celui de vous torturer, alors il convient de prendre un minimum soin de leur victime.

      Aux deux tortionnaires S & L du 1er étage, n'est-ce pas que j'ai raison ?

     Toi S, tu continueras de rester planqué derrière tes murs, ta femme, tes enfants, tes grosses bagnoles de flambeur, et ta coquette femme L continuera de pouponner la petite dernière, sa petite merveille, mais pas suffisamment pour m'oublier un peu. Votre sadisme vaut tous les câlins du monde. Imaginez donc un peu toutes ces démonstrations de tendresse que vous avez raté depuis plus de six ans, trop accaparés par votre obsession, moi-même, les mains prises à me torturer semblant occulter TOUT, strictement TOUT le reste, greffés sur votre salopard de matériel accompagnés d'une satisfaction indépassable, une jouissance qu'aucun enfant ne comblera jamais.

       C'est délicieux de vous observer vous punir vous-mêmes, cloués au-dessus de chez moi, la tête pourrie de calculs savants afin d'être toujours présents pour moi, mon profil en permanence au fond de votre crâne de dégénérés. Je ne suis même pas encore morte que je vous hante déjà. Je passe AVANT vos six enfants, AVANT toute votre famille. Je suis ancrée définitivement dans vos sales pensées, tous les jours. Pour torturer quelqu'un avec une telle constance, il faut s'y consacrer entièrement. Cet engagement à ma maltraitance dont vous ne pouvez vous passer, non seulement prend un temps qui n'est pas rattrapable mais vous ne l'oublierez jamais. Vous n'imaginez pas à quel point je m'en félicite. J'imagine déjà les souvenirs futurs de votre petite dernière, inévitablement parsemés d'un peu de moi. Il lui suffira de regarder les photos du logement infâme, ah oui, c'est là que papa et maman ont torturé la voisine. Là, juste au-dessous de vos pieds, salopards !