Il y a cinq mois... en plein coeur du traitement
Février 2020
J'aurais fait tout ce que j'ai pu pour leur échapper, mais ma résistance ne se traduit plus que par un volume sonore minuscule, qui n'atteindra jamais le niveau de leur haine.
Chaque jour les enfants jouent, sous le regard attendris de leurs parents. La famille JE-SUIS-UNE-FAMILLE-MODELE, continue d'attirer la sympathie du quartier aussi sûrement qu'elle œuvre à ma torture. Aucun voisin conquis par le sourire débonnaire du tortionnaire en chef, n'aura jamais connaissance de l'indicible. Ce spectacle de déférences est littéralement affligeant.
Que mon bonnet comme nouvelle coiffe, et mes yeux nus suscitent l'empathie des mêmes individus, lesquels continuent de sourire à mes bourreaux en leur souhaitant une bonne journée, me déconcerte. Le cri reste et demeure muet aussi sûrement que l'est le matériel avec lequel je suis torturée. J'avoue que je débloque de plus en plus, et panique à l'idée de ne plus parvenir à distinguer les effets du traitement de ceux provoqués par les tirs d'ondes électromagnétiques. Fièvres, nausées, fourmillements, démangeaisons, douleurs musculaires, se renvoient la balle à cœur de journées et de nuits. Non seulement je ne me reconnais pas physiquement mais je ne sais même plus qui je suis. J'attends que ça passe mais ça ne passe pas...