Il y a huit mois... Début de traitement sous les ondes
Décembre 2019...
Même si celui que l'on nomme le crabe est vécu différemment pour chacun, je n'éprouve pas le besoin de coucher sur le papier les multiples effets de cette maladie reconnue par le monde entier. Il me tient plus à cœur, et je trouve plus utile de tenter de faire connaître le méconnu, celui qu'on tait, qu'on nie, qu'on isole et qui ne suscite aucune empathie ni aucun intérêt de l'opinion, sous le prétexte qu'on ne peut prouver son existence.
Le 29 novembre 2019 a eu lieu ma première séance de chimiothérapie, les autres se sont enchainées avec les effets secondaires que cela implique. Encore une fois, le but de ce blog n'est pas la restranscription minitieuse d'une maladie admise par toutes et tous, mais bel et bien de dénoncer une malveillance perpetrée par la seule volonté diabolique de citoyens ordinaires. Pointer sur leur propension au sadisme et à la cruauté est un exercice qui se révèle impossible, et j'en prends toute la mesure entre deux hauts le cœur, et des nuits entières durant lesquelles les tirs d'ondes électromagnétiques se sont perpétués, sans ne me laisser aucun répit.
Janvier 2020...
Bien vite je ne sais plus différencier les nausées dûes aux tirs d'ondes de celles dûes aux effets de la chimiothérapie. A l'intérieur de mon ventre une brique s'est installée clouant tout mon corps au lit. La famille JAI-TOUT-LES-DROITS continue son travail de sape avec une juissance infinie. Je pourrais presque palper leur plaisir haineux à distribuer le mal du haut de leur petit pouvoir putrescent. La haine a enfin filtré à travers un prisme de beaux visages allant du noir au blanc, en passant par tout un dégradé de chocolat vanillé. Le problème c'est qu'il n'y a que moi qui puisse la voir. Entre cheveux lisses et crépus, allant là aussi du blond édulcoré au noir ébène, on torture et on jouit. La famille JE-SUIS-DIEU est le seul témoin des souffrances induites par le cancer, et manifestement elle est bien décidée à jouer la surenchère. Là encore les mots s'échappent, parce qu'ils sont bien trop faibles pour décrire l'indescriptible. Des adolescentes jouent avec le cancer qui me ronge, comme avec une balle qui rebondit. Sous la maladie et la maltraitance je résiste... à peine. J'ai peur de mourir mais je me soigne.
La réalité est décidément un fracassant coup de masse, puérile, immature, criminelle, se planquant derrière des visages aussi angéliques qu'avenants. Il n'y a pas de mots pour définir l'indéfinissable. C'est comme ça, c'est tout.