Radiothérapie & torture électromagnétique

Mardi 2 juin 2020

      J'entame ma douzième séance de rayons. La nuit a été calamiteuse. J'ai sans doute été punie pour avoir mis ma musique la veille, après un tir d'onde violent pendant ma tentative de sieste. Je vais me coucher à 23h30, après avoir lutté pour ne pas m'endormir devant la TV, et éviter des tirs d'ondes trop violents. Je sais qu'une fois au lit, cela ne sera guère mieux, mais j'espère que la famille JE-SUIS-TOUTE-PUISSANTE me laissera tranquille vers 1h du matin.

     Les tirs d'ondes interviennent au moment de l'endormissement. C'est terrible. Ne pas pouvoir sombrer dans le sommeil alors que son corps entier le demande est une véritable torture. Je hurle après mes bourreaux dans la nuit, les traite de tous les noms, impuissante à réagir avec efficacité. Le matin n'est pas mieux, j'ai le malheur de me mettre sur le dos, et le tir d'onde dans le thorax est inévitable. Je continue d'hurler à travers les murs, comparant le salopard au-dessus de ma tête au flic qui a étouffé pendant 8mns et 46 secondes George Floyd. Ils sont de la même veine, satisfaits de leur petit pouvoir crasse sur quelqu'un. Cela ne semble pas lui plaire, et je me prends une "rincette" pour la peine.

     La veille je l'ai vu le matin dépanner un voisin, l'emmener jusqu'à l'immeuble d'en face pour lui montrer chez qui sonner. Si on devait qualifier en un mot le harceleur en chef, sans avoir connaissance de sa cruauté, ce serait "serviable"». Il est toujours là pour dépanner le quidam en peine. Il vadrouille, fait son petit tour de quartier, discute, sourit, se démène pour aider quiconque serait en peine. Ce type joue les immaculés conception à l'instar de tout pervers qui se respecte. Les rares fois où je le croise encore, il continue de me saluer d'un geste mou.

     Toute sa lâcheté dégouline, comme un trop plein de pus. J'ai envie de vomir. A midi, en faisant à manger, je sais forcément que les décharges vont survenir mais je ne sais d'oû. Un violent tir me fait sursauter avec la poêle que je tenais dans la main, et je manque de me brûler sous le coup de la douleur. Qui est au-dessus de ma tête à ce moment ? Impossible à savoir. Lui, Lablonde, ou une des ados, la bouche figée en forme de cœur laissée sur le dernier selfie ? Ma cicatrice m'élance ponctuellement, impossible de savoir si c'est une des conséquences de la radiothérapie ou des décharges électromagnétiques. Me voilà vernie.