I have a dream II
Suivant les épreuves auxquelles l'existence nous prépare, on révise nos prétentions à la baisse, ou pas. Pour ma part, mon plus grand rêve aujourd'hui n'est plus de devenir réalisatrice de cinéma, aller sur la lune, et faire le tour du monde en rollers :), mais de me réveiller naturellement.
Jamais je n'aurais présumé avant mon harcèlement que l'unique but de mon existence, mon désir le plus fervent, mon ambition la plus forte se résumeraient à ce que mon corps et mon cerveau se réveillent d'eux-mêmes comme des grands.
La privation de sommeil nous change, indéniablement, et ne forme pas seulement de mauvaises cernes sous les yeux, elle nous confine à une seule question qui devient vitale, et balaie toute autre aspiration d'un revers de main, justement parce qu'il faut bien survivre.
Quand vais-je pouvoir dormir ?, dicte notre quotidien, comme un damné se trouverait en plein désert sans une goutte d'eau à l'horizon. C'est fort simple, si on ne dort pas, on meurt. Je meurs donc, doucement, mais sûrement, les quelques minutes de sommeil glanées de ci, de là ayant leur limite. Le plus terrible c'est de penser, comme le disait une femme gendarme l'autre fois, que les autorités ont d'autres choses à gérer que de simples problèmes de voisinage.
C'est vrai, il y a des attentats, la France est en danger, l'alerte terroriste est à son maximum. Si seulement il n'existait qu'une seule forme de terrorisme, celle sur laquelle il nous plaît tant de lutter, parce qu'elle est d'actualité, parce qu'elle fait du bruit, alors qu'un terrorisme plus souterrain fait peut-être autant de morts, mais en plus de temps, sans déflagration et avec douceur, un terrorisme domestique exercé par le citoyen ordinaire, de celui qui tire une mine effarée lorsqu'il entend parler d'attentat, comme si lui était exempt de tout crime en procédant aux tirs d'ondes dans la tête de sa voisine.
La vie est ainsi faite, semble-t'il. Et puis, grâce aux attentats, n'oublions pas que désormais plus d'un français sur deux est favorable à la torture, un citoyen ordinaire comme un autre, sans doute aussi supporter des Bleus à ses heures... Ainsi va la vie.