Réveillonner façon sadique
Le 29 décembre, je suis rentrée de six jours de congés. Inutile de dire que pendant mon absence, mon logement vide n'a pas produit beaucoup de dérangement. Lorsque je suis rentrée, j'ai néanmoins eu cette sensation bizarre de devoir payer cette absence, et qu'elle exigeait une vengeance digne de ce nom. Il n'y a que dans ce type de harcèlement high-tech qu'une personne ciblée peut ressentir un tel paradoxe.
Pour cela, il faut s'imaginer une personne persécutée H 24 dès qu'elle est chez elle, son absence lui autorise quelque répit, ce dernier n'étant sans doute pas du goût de ses tortionnaires. Du coup quand elle revient, c'est la recrudescence des hostilités. Hypothèse peu tangible dans le fond, je dirais plutôt que mes très chers voisins, privés de leur souffre-douleur pendant quelques jours, comme des ados accros à leur console, ont mal vécu ce bref sevrage, et l'ont retrouvé avec joie grâce à mon retour. Hypothèse plus plausible. Il en reste une, la non connaissance de la date à laquelle ils m'attendaient, qui aura bouleversé quelque programme.
Peu importe laquelle de ces suppositions est la plus tangible, le fait est que j'ai été accueillie dès mon retour par une nuit quasi blanche, cela après un long voyage, et une fatigue déjà installée. Je travaillais le lendemain 30 décembre. La nuit du réveillon, soit hier, ne fut guère mieux, monseignôre étant en verve, frais comme un gardon dès le petit matin, m'envoyant des tirs d'ondes douloureux dans la jambe gauche et dans le palais, environ toutes les demie-heures pour finir par partir à 10 h 30 du haut de sa superbe, avec ce sentiment du travail bien fait sans doute.
Je me méfie car il arrive que les harceleurs fassent semblant de partir, alors qu'en fait, ils prennent juste leur voiture pour la déplacer de quelques mètres, et même si le chef de famille au-dessus de ma tête, a fait en sorte que je le vois partir, nul doute qu'il reste des éléments de la gentille petite famille JE-TE-TUE au-dessus de ma pauvre tête.
Il y a deux ans, l'heureux papa en manque m'avait souhaité une "bonne année". Je pense que cette fois il a compris que je savais qu'il savait, et qu'il ne sert à rien de s'enfoncer dans un peu plus de lâcheté encore, celle-ci dégorge de trop, il n'y a plus moyen de l'éponger. Elle est là, inscrite partout sur lui, c'est comme si sa pleutrerie était marquée sur son front. En tous les cas, moi je ne vois qu'elle, un lâche en survêtement suintant de malveillance.
Je souhaite à toutes les personnes ciblées de voir réaliser en 2021 leur vœu le plus cher, et je sais que c'est le même que le mien.