Pourquoi mes voisins-harceleurs ne me tuent-ils pas ?
Un bon tir d'ondes électromagnétiques radical et l'affaire serait terminée. Moi, je pourrais enfin dormir, seulement voilà, on ne se lasse pas d'un jouet si facilement, et je suis un jouet fort attractif. Peu d'individus, en effet, peuvent se permettre de s'amuser avec un être vivant, sensible et pensant, et en faire ce qu'ils veulent.
Plus généralement, ce divertissement est réservé aux quelques autocrates influents, et dans des pays au sein desquels la dictature est à la mode. Alors, que des citoyens ordinaires en France puissent se payer la tête, sous tous les sens du terme, d'une femme qui a le malheur de ne faire que vivre, mérite de conserver une telle aubaine le plus longtemps possible.
Au catalogue depuis quelques semaines, des hoquets intempestifs, ou sorte de reflus gastriques, à chaque fois que je m'installe quelque part, soit devant mon pc, ou dans mon canapé, bref, toute occasion est bonne pour s'adonner à ma maltraitance, les bourreaux pavoisant plus que jamais des nombreuses fonctions ancrées dans le menu de leur sacrosaint matériel high-tech, à croire qu'ils ont acheté le kit complet leur assurant gloire et sacrement pathologique.
Cependant, les enregistrements d'éclats de voix sont tellement grossiers que cela prête à rire, du coup leur gloire perd un peu de sa superbe. Bref, les harceleurs ont tout pour eux, mais il y a une chose dont ils ne se remettront jamais, savoir que je n'ai plus aucune crainte, ni d'eux, ni de ma mort éventuelle. Briser quelqu'un n'est pas si simple, et à moins de se salir un peu les mains, et venir chez moi pour me défoncer le crâne à coups de pieux, je ne vois pas trop comment ils pourraient me rendre docile. Je préfère mille fois passer l'arme à gauche.
Ils ont remis leur boîte aux lettres bien propre, avec leurs noms bien écrits. Il y en a quatre en tout, de noms, dont l'un d'eux que je suppose être celui d'un enfant, et un sûr qui n'habite pas là. Alors l'étalage d'identités ne m'effraie pas vraiment, et même qu'il y aurait cent noms sur cette maudite boîte que cela ne changerait rien au fait que je vais continuer d'oeuvrer chez moi à dénoncer des dégénérés qui se prennent pour Dieu.