Au quotidien
Mon harcèlement continue, avec ces multiples petites saloperies distribuées au quotidien par une meute de citoyens dont l'apparence des plus correctes demeure incontestable pour le plus grand nombre, à part pour moi.
Dès la fermeture de mes volets, un drôle de rallye débute sous mes fenêtres par l'intervention de carrosseries très respectables elles aussi, Yaris, Bmw, et Volswagens diverses se disputant la place sous mes fenêtres. De jeunes désoeuvrés, probables amis de sans-couilles trônant dans son mirador du fond de la cour, prennent le relai de retraités au rictus innocenté par leur grand âge. Pas de conflit générationnel dès lors qu'il s'agit de s'acharner contre une seule personne.
Pendant que les uns font rugir des sirènes d'ambulance au moindre de mes déplacements dans mon logement, les autres font résonner la plaque d'égout sous les roues de leurs rutilants véhicules, cachette préférée des couards de service. Je suis chaque fois surprise de voir que pris un par un, mes bourreaux ne ressemblent à rien de vaillant, encore moins d'épouvantable malgré l'horreur de leurs actes répétés.
C'est ce qui choque, ces silhouettes souvent trapues et rabougries sortant difficilement de leur habitacle, et dont le seul courage se résume à savoir que le nombre est derrière eux si jamais la pouilleuse du rez-de-chaussée, moi-même, osait quoi que ce soit. Mais que pouvais-je me permettre d'oser, alors que le nombre n'attends qu'un faux pas de ma part pour fondre sur moi, jeunes et vieux confondus dans la même haine, et la même volonté de nuire à un seul. Voilà bien leur unique point commun, celui qui vaut vraiment la peine qu'ils s'assemblent, et le plus solide, à partir du moment où il s'agit de maltraiter quelqu'un.