Ma vérité
Dans la nuit de jeudi à vendredi, la nuit fut particulièrement terrible, à l'instar de toutes les autres de la semaine, et je n'insisterai pas sur les tressautements multiples, générés par les différents tirs d'ondes électromagnétiques dirigés partout sur mon corps, par un individu particulièrement revanchard. En effet, j'avais eu la veille au soir une conversation avec un ami au sujet de mon harcèlement, essayant tant bien que mal et en choisissant scrupuleusement les bons mots, de prouver une ignominie absente de la Loi française, mais également non répertoriée de manière officielle dans les annales de notre histoire, enfin, dont les effets physiques et physiologiques dévastateurs font intégralement partie du domaine de la folie pour les médecins. Les harceleurs savent cela, et n'apprécient pas pour autant nos tentatives de divulguer leur malfaisance, ce qui m'a sans doute valu cette nuit mémorable.
Sans insister sur les ondes, je désossais cependant face à mon ami, le processus du harcèlement et sa distribution au quotidien d'attaques caractérisées par des cris d'oiseaux, clics audibles, claquements de portières, bruits de perceuses, coups de marteau, et j'en passe, prodigués sans tarir, et de manière à mettre en permanence la personne harcelée dans une situation bancale quant aux intentions, à cheval entre le doute et la certitude. Je poursuivais, en expliquant à mon ami le discernement dont je devais faire preuve afin d'éviter toute paranoïa, chère aux harceleurs, et m'enfonçais un peu plus au fil de la conversation dans le côté technique du processus.
En m'appliquant à décrire chaque détail de mon quotidien, en démaillant tous les fils de cette toile d'araignée que constitue le harcèlement en réseau, livre de Louis Freyheit à l'appui, j'espérais bien que sans forcément me croire d'emblée, mon ami serait du moins interpelé, ce qui fut le cas, et ce qu'à mon avis les harceleurs ressentirent. Ces derniers comprirent aussi que j'avais sans doute parfaitement relayé leur façon de procéder, et n'était pas dupe quant à leurs agissements. Je l'ai payé la nuit d'après, et les oiseaux qui s'étaient depuis quelques temps arrêtés de crier pour laisser place aux claquements de portières reprirent de plus belle, signe que les harceleurs avaient bien entendu ma petite explication, et qui sait, peut-être été un peu froissés des quelques possibilités que je pouvais avoir en matière de persuasion.
Mieux dormi la nuit dernière, et ma foi, je me suis dit que cela valait bien la peine d'en passer par quelques moments difficiles si cela permet, ne serait-ce qu'à de brefs moments, de remettre en doute dans la tête des harceleurs leur totale impunité.