Au bon vouloir des harceleurs
Hier soir, reçu un coup de fil qui a duré plus d'une heure. Il faut bien prendre en compte dans la situation de la harcelée que je suis, qui n'a pas le droit de bouger chez elle, et encore moins de soupirer, toute la dimension de l'acte en question que représente une conversation téléphonique d'une heure !
Si ce n'est pas encore considéré là comme une conduite criminelle par le plus grand nombre, pour mes harceleurs il y va au minimum du sacrilège. Je ne sais si les ondes électromagnétiques de la nuit, particulièrement violentes et intensives, sont le châtiment appliqué après le coup de téléphone auquel j'ai eu l'audace de répondre, où si cet assaut brutal qui a duré du coucher jusqu'au petit matin était un simple caprice de mes bourreaux.
Toujours est-il que la nuit fut fastueuse en matière de tirs. Des longs, des courts, tantôt me faisant lever une main dans un sursaut irrépressible, ou carrément la tête, ou encore faisant battre mon coeur à un rythme bien trop élevé, au bon vouloir des criminels nichés au-dessus de ma chambre. C'est étrange comme un assassinat peut parfois paraître innocent, sous le fallacieux prétexte qu'il n'est pas exécuté dans l'immédiat, et ne générant aucun sang, mais distillé comme un poison et sur une durée relativement longue.
Quels étaient donc mes assassins de la nuit ? Peut-être des personnes âgées s'adonnant à cette distraction pénale contre ma tête, après avoir mangé l'agneau Pascal et s'être rendu à la messe de Pâques le visage pieux, et empreint de charité chrétienne, cependant bien au-delà de l'idée de tout jugement dernier. Qui sait ? Ou alors certains de leurs sbires, enfants, famille, amis, fêtant Pâques à leur façon.