Rétrospectives électriques
C'est intéressant de constater qu'à peine après avoir inventé un système lui permettant plus de confort, l'homme n'a eu de cesse par la suite d'utiliser ce même système contre son congénère. L'électricité en est un exemple foudroyant, si je peux me permettre.
En effet, en 1880, Thomas Edison venait à peine d'inventer la lampe à incandescence qu'il eut la lumineuse idée de fabriquer une superbe chaise, électrique s'il vous plait, afin que le condamné à mort aux Etats-Unis connaisse soi-disant une fin moins barbare que la pendaison. L'utilisation de la chaise électrique fut cependant abandonnée par la plupart des états en raison de son "extrême violence" et de la "la lente agonie des prisonniers".
La chaise électrique
Dès sa création l'électricité fut donc utilisée non seulement pour nous éclairer, mais également pour torturer.
Bref, la torture par courant électrique continu fut utilisée depuis l'apparition des premiers générateurs. En 1930, la sûreté indochinoise utilisa la gègène contre les nationaliste vietnamiens, et elle connut le franc succès que l'on sait durant la guerre d'Algérie, affectionnée en particulier par les para sur les membres du FLN.
La gégène
Plus récemment, dans les années 2000, fut utilisé la poignée électrique par la police niçoise, envoyant des décharges et brûlant férocement le dos de Daniel Milan, et sans doute bien d'autres gardés à vue dans toutes nos bonnes villes de France.
Par ailleurs, la torture à l'électricité réputée comme ce qu'il y a de plus atroce en matière de sévice, reste encore largement utilisée aujourd'hui dans des pays en guerre comme la Syrie, ou l'Afghanistan.
Dans un autre domaine, on constate que l'attrait de l'homme pour les chocs électriques sur ses congénères ne s'est jamais démenti. De nombreux patients internés en hôpital psychiatrique ont ainsi fait l'amère expérience des électrochocs, censés améliorer certaines pathologies comme la dépression.
Appareil pour électrochocs
Si on ne remet pas cause une certaine efficacité du produit, force est de constater cependant que nombre de médecins et infirmiers ont eu la main un peu lourde notamment dans les années 1960-70, prescrivant électrochocs sur électrochocs à des individus trop récalcitrants à leur goût, et qu'il fallait bien "mater" plutôt que soigner. A l'hôpital Sainte-Anne, deux pshychiatres furent condamnés pour inhumanité en 2012, suite à des électrochocs un peu trop répétés sur un patient.
Encore dans un autre domaine, des abattoirs sont régulièrement pointés du doigt parce que leurs employés s'adonnent non sans un plaisir certain à électrocuter les animaux - je le rappelle, êtres vivants et par conséquent sensibles - sans que cela ne soit nécessaire puisque les pauvres bêtes sont coincées dans un étroit couloir et n'ont aucun moyen de s'échapper.
petit abattoir communal de Le Vigan (réputé bio)
L'image ci-dessus est tirée d'une vidéo sur laquelle on entend fort bien le rire de l'opérateur à chaque décharge électrique exercée sur le pauvre mouton.
On sait aussi que l'utilisation du taser - pistolet à impulsion électrique et paralysant - par la police américaine a laissé place à de nombreux couacs, certains policiers ayant bien du mal à décrocher leur doigt de la gachette, pressée à fond, provoquant ainsi l'arrêt cardiaque de nombreux individus, on les estime à 50 aux états-Unis, sachant que sur une dizaine d'années 500 personnes sont mortes après avoir été touchées par un taser sur ce même territoire.
Taser
Toutes ces méthodes se complètent avec l'utilisation des ondes électromagnétiques et des satellites, alliant comme son nom l'indique électricité et magnétisme, et permettant là aussi de nuire à son congénère de manière relativement propre et sans odeur, grâce à des ondes pulsées, ou tirs d'énergie dirigée le plus souvent vers la boite crânienne de l'individu.
arme à énergie dirigée
Générateur électrique pouvant être relié à caisson de basse fréquence
Il faut admettre que dans ce domaine l'homme à fait un pas géant en matière de communication, non seulement par l'invention d'internet et du téléphone portable, mais aussi s'est retrouvé très rapidement propulsé à la pointe du progrès en matière d'espionnage et de torture invisible.
Loin de moi l'idée de faire une comparaison déplacée au travers des différentes utilisations de l'électricité que je viens de mentionner, mais plutôt de tenter d'analyser l'attrait comportemental de l'homme pour certaines méthodes, en sachant que les utilisateurs n'auront jamais testé ces méthodes sur eux-mêmes avant de les appliquer sur autrui, d'où la manifeste ampleur des dégâts sur les victimes.
Aussi, je m'autorise non pas une comparaison, mais un simple parallèle sur la facilité avec laquelle l'homme peut se laisser aller au bout du pire, et exercer ce pire dès lors qu'un simple bouton peut se tourner à son maximum.
Les victimes de harcèlement électromagnétique aujourd'hui, ne sont que la descendance et la démocratisation d'une longue série d'inepties que la morale n'a cessé de réfuter depuis des décennies, mais a toujours admis dans les faits.
Si la cruauté s'est toujours nichée dans les bas-fonds d'une conscience inavouable, et a pu exprimer tout son enthousiasme et sa créativité grâce aux conflits jalonnant le monde depuis des siècles tout en la justifiant, admettons que dans notre société dite civilisée, la torture est désormais accessible au plus grand nombre, sans besoin de guerre, ni d'aucune autre sorte de justification pour s'exercer.