Je l'appelle "Sans-couilles"

  Ce n’est pas très délicat, mais je n’ai pas trouvé mieux pour qualifier un de mes persécuteurs les plus convaincus que le harcèlement est un des ferments de la vie, sinon l’unique et le seul valable, et bien sûr, c’est un des plus acharnés. "Sans-couilles" fonctionne comme un mirador. Confortablement installé dans son logement au fond de la cour, il est inaccessible à ma vue, car je suis au rez-de-chaussée, en revanche, lui, a vue plongeante sur mon logement. C’est ainsi qu’il peut à loisir visualiser de son œil de guetteur crapuleux, la moindre de mes allées et venues, et y répliquer par des cris d’oiseaux divers, des coups de marteau (son activité favorite) et allumer la lumière extérieure de l’immeuble dès que je rentre le soir, histoire de bien me faire savoir qu’il est là, mais bien sûr sans se montrer, parce que "sans-couilles" n’en a pas... d’où son surnom. "Sans-couilles" est un pleutre, confiné dans son logement, et comme un sniper prêt à me mitrailler, à la moindre occasion.

  Cependant, il m’est arrivé, à force d’observation, de le croiser. Il a une voiture blanche immatriculée dans le (29) Finistère. C’est un beau garçon, jeune, blond avec barbichette, souvent coiffé d’un chapeau ou d’un bonnet, un visage sympathique, bref, le type qu’on imagine avoir beaucoup d’amis, et avec lequel on a facilement envie d’engager la conversation. Sauf que "sans-couilles" est un harceleur patenté, l’un des plus virulents, et probablement celui, avec son visage d’ange, qui a installé le matériel servant à m’électrocuter la tête toute la nuit. "Sans-couilles" est toujours fidèle au poste, planté dans le fond de la cour comme un pilier, cimenté de haine contre moi. Peut-être que dans une autre vie, j’ai assassiné un de ses enfants... sais pas, je réfléchis à ce qui peut bien motiver une telle hostilité à mon encontre. A l’heure actuelle, je n’ai toujours pas trouvé. Affaire à suivre...